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jeudi 19 juillet 2012
Jeûne du Ramadan : Des troubles digestifs à surveiller
Doctinews N° 35 Juillet 2011
Observé par près de 1,5 milliard de musulmans à travers le monde, le Ramadan est un jeûne sec, en phase diurne et dont l’horaire varie en fonction des saisons. En général, ce jeûne n’occasionne aucun dégât sur la santé, à condition de se nourrir correctement. En fait, durant le mois de Ramadan, il est interdit au jeûneur de boire et de manger de l’aube au crépuscule, mais ce jeûne n’est en aucun cas imposé aux personnes malades.
Durant le Ramadan, l’organisme doit s’adapter à une alimentation plus riche la nuit et à un temps de sommeil raccourci.
Comme lors de tout changement, chaque individu va se prémunir et s’adapter de manière à retrouver l’équilibre qui lui convient. Dans le cas des changements liés au jeûne du Ramadan, les personnes doivent rechercher des mécanismes d’adaptation qui valoriseront une bonne santé à travers un bon comportement alimentaire en termes de qualité, de fréquence et de répartition dans le temps.
Une réadaptation qui ne sera pas sans conséquence, puisqu’il est nécessaire de souligner que l’organisme a besoin d’énergie pour fonctionner et que chaque aliment apporte une valeur énergétique qui va agir sur le fonctionnement des cellules, des tissus et donc des organes.
Or, durant le jeûne diurne, les jeûneurs, contraints de s’adapter aux changements d’horaires (nocturne uniquement) et de la fréquence de prises de repas (2 à 3) vont modifier la qualité et la quantité de ces repas, ce qui n’est pas toujours le bon choix. En effet, il a été observé que les jeûneurs privilégient des repas excessivement riches pour compenser l’absence d’apports alimentaires au cours de la journée et pallier la sensation de faim. Ainsi, la consommation de protides, glucides et lipides augmente, tandis que la consommation de crudités et d’eau diminue. Cette dernière est remplacée par une consommation accrue d’excitants comme le café, le thé, les jus de fruits et autres boissons gazeuses.
Les effets du jeûne sur l’organisme…
Première incidence, les déséquilibres alimentaires vont agir directement sur le temps et la qualité du sommeil puisqu’il est démontré qu’une alimentation riche en graisses et en sucre, principaux composants des repas lors de la rupture du jeûne, ralentit la digestion surtout en phase nocturne, période durant laquelle l’organisme se met en veille et favorise le stockage des nutriments.
La veille nocturne des jeûneurs entraîne donc une digestion difficile et la réduction du temps de sommeil ce qui va se traduire, sur un plan métabolique, par une diminution du taux de l’hormone de croissance (GH) et donc du renouvellement cellulaire et du développement musculaire, et une augmentation de l’utilisation des glucides et du stockage des acides gras dans les tissus adipeux qui aboutira à une diminution de la masse maigre et à une augmentation de la masse grasse.
Le déséquilibre des apports alimentaires, associé à une diminution du temps de sommeil, aura également des conséquences sur la vigilance et sur la fatigue au cours de la phase diurne.
Ces désordres alimentaires contribuent également à inverser les cycles insuline/glucagon avec une diminution de la sécrétion basale d’insuline, dès les premiers jours, qui est normalement associée à la prise alimentaire et vise à réduire la glycémie post-prandiale, alors que le taux de glucagon augmente pour permettre la libération de sucre dans le sang compensant l’absence d’apport par l’alimentation. Des effets qu’il faudra sérieusement surveiller chez les patients diabétiques pour qui la régulation de la glycémie est l’élément central de la prise en charge thérapeutique.
… et sur la sphère digestive
Si le jeûne peut avoir des effets bienfaisants -il permet au système digestif un repos remarquable offrant la possibilité de retrouver un équilibre et de se régénérer aussi bien au niveau cellulaire que tissulaire, ce qui favorise, en priorité, l’élimination des toxines-, il peut aussi générer des troubles digestifs.
Une étude épidémiologique menée auprès de 1900 personnes saines de la population de Casablanca a montré une incidence notable des troubles digestifs pendant le mois du Ramadan, avec 7,3 % de la population concernée dès la première semaine. Celle-ci s’expliquerait par l’adaptation de l’organisme, imposée par le jeûne, à une alimentation plus riche la nuit et à un temps de sommeil raccourci. Le corps doit donc puiser dans ses réserves intérieures et compenser les pertes.
Les troubles sont principalement dus aux modifications de la sécrétion gastrique, rapportées par certaines études, qui décrivent une augmentation de la sécrétion acide et donc de l’activité des pepsines (enzyme de dégradation des protéines dont le pH acide est compris entre 1 et 8) par rapport à la période pré et post-Ramadan. L’augmentation de la sécrétion gastrique -qui contient de l’acide chlorhydrique- en agressant la muqueuse gastrique, peut, entre autres, être à l’origine de la réactivation d’un ulcère. Ce phénomène pourrait s’expliquer uniquement par le jeûne, mais des recherches plus poussées ont conduit à examiner aussi l’hypothèse du comportement alimentaire propre au mois de Ramadan qui témoigne d’une modification importante de la qualité et de la quantité de l’alimentation, notamment plus riche en glucides et en lipides. Les glucides étant connus pour favoriser la sécrétion de facteurs agressifs (acidité, pepsine). Il est à noter également que l’absence, durant toute la période du jeûne, du pouvoir tampon des aliments contribue au manque de protection de la muqueuse gastrique contre la sécrétion d’acide.
Les troubles dyspeptiques
Alors que 25 à 40 % d’adultes souffrent de troubles dyspeptiques représentant la première cause de consultation en gastro-entérologie, la dyspepsie est apparemment plus fréquente au cours du mois de Ramadan. Une étude épidémiologique marocaine a montré qu’environ 10 % des 1923 personnes interrogées présentaient des troubles dyspeptiques au cours de cette période.
L’apparition de symptômes dyspeptiques relève d’une mauvaise alimentation au moment de la rupture du jeûne du fait de l’association fréquente et excessive d’aliments trop gras, trop sucrés, trop épicés, d’excitants (café, boissons gazeuses...), ce qui a pour conséquence une irritation digestive à l’origine de douleurs.
La dyspepsie peut aussi s’expliquer par une prise alimentaire trop rapide rejoignant les effets d’autres facteurs tels que le stress ou l’anxiété.
Définie comme une gêne/inconfort abdominal isolé ou le plus souvent associée à des prodromes tels que nausée ou météorisme abdominal, la dyspepsie ne provoque aucune lésion physique, ce qui rend difficile le diagnostic étiologique, mais elle peut révéler des pathologies digestives bien plus graves (ulcère gastrique, tumeur oesogastrique, pancréatite…)
Prévalence de la constipation
Malgré l’absence d’études sur les mécanismes physiopathologiques en cause, le jeûne est apparemment à l’origine d’une plus grande fréquence de troubles intestinaux où la constipation est prédominante. Cette dernière serait la conséquence directe du déséquilibre engendré notamment par l’interdiction d’apport hydrique qui contraint l’organisme à réduire les pertes. L’organisme ne répond plus à la soif pour compenser les pertes externes et puise l’eau dans ses ressources internes. Les conséquences sont une coloration foncée des urines plus concentrées et une augmentation de la consistance des selles qui, physiologiquement, sont constituées de 75 à 85 % d’eau et seulement de 18 à 22 % de matières sèches. Par ailleurs, cette réduction des pertes visant à compenser le manque d’apport est un facteur favorisant la survenue de coliques néphrétiques chez les patients porteurs de lithiases rénales en présence desquelles il est recommandé de s’abstenir de jeûner.
La constipation peut causer des désordres anodins tels que l’indigestion avec sensation de ballonnements, mais elle peut parfois être plus grave avec l’apparition d’hémorroïdes ou de fissures anales.
Reflux gastro-œsophagien
Le reflux gastro-œsophagien (RGO) est dû à un relâchement du sphincter inférieur de l’œsophage qui, physiologiquement, se referme dès le passage du bol alimentaire dans l’estomac pour éviter la remontée du contenu gastrique. Cette défaillance entraîne un reflux d’acide et provoque des brûlures de la paroi œsophagienne, à l’origine des douleurs caractéristiques du RGO. Entre autres causes, l’alimentation est un facteur qui peut favoriser la survenue de reflux gastro-œsophagiens. Lors du jeûne du Ramadan, la modification de l’alimentation après le repas du ftour privilégiant des aliments riches en lipides et en glucides qui vont directement agir sur le relâchement du sphincter inférieur de l’œsophage s’accompagne d’une augmentation de la sécrétion d’acide gastrique à l’origine des douleurs au niveau oesogastrique et d’un ralentissement de la digestion. Les changements alimentaires en termes de qualité (repas riches en graisses) et de quantité (prise importante et tardive d’aliments, juste avant le sommeil) favorisent la survenue du RGO.
Ulcères gastro-duodénaux
L’Hélicobacter Pylori (HP) est actuellement le principal acteur impliqué dans la survenue de la maladie ulcéreuse. Cependant, au cours du mois de Ramadan, l’augmentation probable de l’incidence de l’ulcère gastro-duodénal et de ses complications (perforation et hémorragie digestive haute) serait due à l’augmentation des mécanismes d’agression de la muqueuse gastro-duodénale au cours du jeûne.
L’ulcère gastro-duodénal est une maladie chronique récidivante qui se traduit par une perte de substance du revêtement muqueux entamant la paroi gastrique ou duodénale avec ou sans tendance à la cicatrisation. La relation entre la maladie ulcéreuse gastro-duodénale et le jeûne du Ramadan relève de plusieurs études qui ont démontré que les modifications du mode d’alimentation en termes de qualité, de quantité et de répartition en phase nocturne expliqueraient les variations des profils d’acidité sur la phase diurne. En effet, l’acidité produite par absence d’apport alimentaire est associée à un pH < à 1. La fin d’après-midi est alors considérée comme la tranche horaire la plus acide.
Bien que les mécanismes de fluctuation de pH soient encore mal connus, il semblerait qu’une autre cause, hormis le facteur alimentaire, soit mise en avant. Cette fluctuation correspondrait au relâchement des mécanismes régulateurs neuro-endocriniens dont le stimulus vagal qui concourt à augmenter l’acidité en phase de jeûne.
De plus, la diminution du sommeil, lors du Ramadan, entraînerait une situation de stress avec une sécrétion des catécholamines générant une mauvaise vascularisation de la muqueuse gastrique.
Par conséquent, le Ramadan doit être une période de forte vigilance afin d’éviter des effets indésirables qui, parfois, peuvent s’avérer nuisibles pour les malades chroniques. Dans une société où l’alimentation est un sujet largement ciblé par les campagnes de prévention et de sensibilisation, il n’est pourtant pas difficile d’éviter les troubles et leurs complications sur le plan digestif par un changement de comportement nutritionnel qui permettrait une alimentation saine, équilibrée encore et toujours répartie sur les trois repas recommandés par les spécialistes
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lundi 9 juillet 2012
Une simple nuit blanche affaiblit l'immunité
Le Figaro
Le Figaro note en effet qu’« une nuit de sommeil en moins suffit à troubler notre système immunitaire, d'après une étude anglo-néerlandaise. Quelques heures de repos perdues créent un véritable stress pour l'organisme ».
Le journal relate ainsi une étude parue dans la revue Sleep : « Si le lien entre un manque chronique de sommeil et un système immunitaire moins performant était déjà établi, l'équipe du Dr Katrin Ackermann de l'Eramus MC University Medical Center Rotterdam aux Pays-Bas est allée plus loin en se concentrant sur les effets d'une seule nuit blanche ».
« En plus de favoriser l'anxiété, ces heures de sommeil manquées perturbent l'activité des granulocytes, des acteurs clés de l'immunité », indique le quotidien.
Le Figaro explique que « l'étude a impliqué 15 hommes jeunes (âgés de 25 ans en moyenne) et en bonne santé. Pendant une semaine, ils ont équilibré leur rythme circadien (l'alternance entre la veille durant le jour et le sommeil pendant la nuit) en s'astreignant à 8 heures de sommeil par nuit, avec au moins 15 minutes d'exposition à la lumière du jour dans les 90 minutes suivant leur réveil ».
« Par ailleurs, l'alcool, le café et les médicaments leur étaient interdits les 3 derniers jours. Leur sang a ensuite été prélevé une première fois afin d'y mesurer les globules blancs, des cellules primordiales du système immunitaire. Dans un second temps, les sujets ont dû rester éveillés 29 heures d'affilée. Pendant cette période, leur sang a été de nouveau prélevé régulièrement », continue le journal.
Le Figaro constate que « les mesures de globules blancs ont été comparées à celles prises avant la période d'éveil imposé. En comparant les prélèvements, les chercheurs ont observé des modifications au niveau des granulocytes, les globules blancs les plus abondants dans le sang. Leur nombre a nettement augmenté pendant la veille forcée. Or, l'élévation du taux de globules blancs est un signe majeur de l'activation du système immunitaire ».
Le journal remarque qu’« après une nuit de sommeil perdue, l'organisme réagit donc en mobilisant ses cellules immunitaires, comme il le ferait s'il était soumis à un stress physique. Ces résultats sont à relier à de précédentes recherches ayant démontré que le stress nous rend plus vulnérables à certaines infections (comme le rhume) en abaissant nos défenses immunitaires ».
Le Figaro conclut que « d'autres études restent à mener pour établir comment le manque de sommeil parvient à stimuler directement l'immunité. En attendant, ces résultats devraient intéresser les médecins spécialistes du sommeil, mais aussi les travailleurs de nuit, dont la santé est notoirement malmenée »
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