mercredi 18 septembre 2019

En Algérie, la première cause de la prolifération «inquiétante» du cancer est culinaire














En Algérie, 20.000 décès par cancer et 50.000 nouveaux cas sont recensés chaque année en raison de la consommation excessive de fastfoods, affirme le chef de service d’oncologie au centre anti-cancer Pierre et Marie Curie, à Alger. Il tire la sonnette d’alarme et appelle les Algériens à changer leurs habitudes.

Le taux de mortalité due au cancer en Algérie prend une proportion de plus en plus inquiétante, estime le professeur Kamel Bouzid, chef de service d’oncologie au centre anti-cancer Pierre et Marie Curie, à Alger, et président de l’Association nationale d’oncologie médicale, en marge de la clôture des 3es journées nationales d’oncologie médicale à Skikda, dans l’est du pays. Il insiste sur le fait que 20.000 décès dus aux cancers et 50.000 nouveaux cas sont enregistrés chaque année dans le pays.

«Ce chiffre est inquiétant et susceptible d’augmenter», prévient le professeur Bouzid, selon le site d’information Horizon Sud. Il souligne que la hausse la plus importante a été enregistrée pour le cancer du côlon, chez les femmes, et de l’anus, chez les hommes.


Progression du cancer en Algérie: la Santé appelle les Algériens à changer d’habitudes.

Évoquant la cause principale de cette augmentation fulgurante du cancer en Algérie, le spécialiste a pointé la modification du régime alimentaire, avec une consommation toujours plus importante de fastfoods. La nourriture de mauvaise qualité  serait derrière la multiplication des cas du cancer colorectal chez les femmes de plus de 40 ans, le plus fréquent après celui du sein, et le premier cancer chez les hommes, bien avant celui du poumon. Par ailleurs, M.Bouzid met en garde contre les pesticides dont l’utilisation excessive dans l’agriculture constitue un facteur de prolifération du cancer.

Les mesures de préventions:

Face à cette situation inquiétante, le professeur Kamel Bouzid a annoncé que «les études pilotes de dépistage précoce du cancer de sein à Biskra et du cancer colorectal à Bejaia ont permis d’obtenir des résultats probants susceptibles d’orienter les actions dans les autres wilayas ».

Quant aux mesures de prévention, le spécialiste recommande de faire du sport et de réduire la consommation de viandes rouges, et préconise une alimentation à base de légumes et fruits bios. Selon une étude coréalisée par l'Algérie et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2017, seuls 14,9% des Algériens prennent en compte les conseils de l'OMS en matière d'alimentation, à savoir la nécessité de manger trois légumes et deux fruits chaque jour.
Un nouveau service de médecine nucléaire flambant neuf au Centre régional anticancéreux (CAC) dans la wilaya (région) d'Ouargla, dans le sud de l'Algérie, ouvrira ses portes avant la fin de l’année 2019, d’après Fadel Sadek, directeur de la Santé et de la population de cette région, cité par l'Algérie Presse Service (APS). À l'instar de tous les autres services du CAC, celui-ci sera dirigé par une équipe médicale algéro-cubaine.
https://fr.sputniknews.com

jeudi 5 septembre 2019

Le cancer est devenu la première cause de décès dans les pays riches



















Le cancer pourrait devenir dans quelques dizaines d'années la principale cause de décès dans le monde, dépassant les maladies cardiovasculaires qui occupaient selon l'OMS la première marche de ce désolant podium depuis plus de quinze ans. Ce basculement s'opère d'ores et déjà dans les pays à revenu élevé en 2017, d'après deux études.

Les maladies cardiovasculaires demeurent la principale cause de mortalité dans le monde chez les adultes d'âge moyen, mais le cancer devient la principale cause de décès dans les pays riches, selon deux enquêtes. Il est même « probable que le cancer deviendra la cause la plus courante de décès dans le monde dans quelques décennies », selon les chercheurs.


Une nouvelle transition épidémiologique
Sur les quelque 55 millions de décès enregistrés dans le monde en 2017, les maladies cardiaques représentent plus de 40 % des décès, soit environ 17,7 millions de personnes. Les auteurs, dont les travaux sont présentés au Congrès de la Société Européenne de Cardiologie (ESC) à Paris, pointent le lourd tribut payé par les pays pauvres à ces pathologies. Le cancer, deuxième cause de décès la plus fréquente dans le monde en 2017, représente un peu plus du quart (26 %) de tous les décès. Mais dans les pays riches, le cancer tue maintenant 2,5 fois plus de gens que les maladies cardiaques, d'après ces recherches, limitées à 21 pays, parues dans la revue médicale The Lancet. À titre de comparaison, les maladies cardiovasculaires étaient responsables de trois fois plus de décès que le cancer dans les pays à faible revenu.


Avec 17,7 millions de décès qui leur sont imputables en 2017, les maladies cardiovasculaires demeurent la principale cause de décès dans le monde. Mais dans les pays à revenu élevé (High-income countries), la tendance a changé : le cancer  prend la tête du classement en faisant 2,5 fois plus de victimes que les maladies cardiovasculaires .  The Lancet
Avec 17,7 millions de décès qui leur sont imputables en 2017, les maladies cardiovasculaires demeurent la principale cause de décès dans le monde. Mais dans les pays à revenu élevé (High-income countries), la tendance a changé : le cancer  prend la tête du classement en faisant 2,5 fois plus de victimes que les maladies cardiovasculaires .  The Lancet

Les maladies cardiovasculaires restent les plus meurtrières à l'échelle globale
« Le monde assiste à une nouvelle transition épidémiologique (...), les maladies cardiovasculaires n'étant plus la principale cause de décès dans les pays à revenu élevé », selon Gilles Deganais, professeur émérite à l'université Laval, au Québec et co-auteur des deux publications. Mais à mesure que les taux de maladies cardiaques diminuent à l'échelle mondiale, le cancer pourrait devenir la principale cause de décès dans le monde « d'ici quelques décennies seulement », avance-t-il.

70 % des cas de maladies cardiovasculaires sont dus à des « facteurs de risque modifiables »
L'étude porte sur plus de 160.000 adultes âgés de 35 à 70 ans et suivis sur une décennie (entre 2005 et 2016), dans des pays à revenu élevé, moyen et faible. D'après ce travail, les gens des pays pauvres sont en moyenne 2,5 fois plus susceptibles de mourir d'une maladie cardiaque que ceux des pays riches. Selon le deuxième volet de l'étude, sur les mêmes 21 pays, 70 % des cas de maladies cardiovasculaires sont dus à des « facteurs de risque modifiables ».

Le cancer devrait tuer 1,4 million de personnes en Europe en 2019
Les facteurs de risque métaboliques - cholestérol élevé, obésité ou diabète - sont en cause dans plus de 40 % des maladies cardiaques et sont le principal déterminant des maladies dans les pays riches. Dans les pays en développement, les chercheurs relèvent aussi le rôle de la pollution de l'air intérieur, de l'alimentation et du faible niveau d'éducation.

« Un changement de cap s'impose pour atténuer l'impact disproportionné des maladies cardiovasculaires dans les pays à revenu faible et moyen, souligne Salim Yusuf, professeur de médecine à l'université McMaster. Ces pays doivent investir une plus grande part de leur produit intérieur brut dans la prévention et la gestion des maladies non transmissibles, y compris les maladies cardiovasculaires, plutôt que de se concentrer sur les maladies infectieuses », ajoute-t-il.

Faisaient partie de l'étude douze pays à revenus intermédiaire selon une classification de 2006 (Argentine, Brésil, Chili, Chine, Colombie, Iran, Malaisie, Palestine, Philippines, Pologne, Turquie et Afrique du Sud) et cinq pays à faible revenu (Bangladesh, Inde, Pakistan, Tanzanie et Zimbabwe). Les quatre pays à revenu élevé pris en compte sont le Canada, l'Arabie saoudite, la Suède et les Émirats Arabes Unis.

CE QU'IL FAUT RETENIR
Les maladies cardiovasculaires demeurent la principale cause de décès dans le monde en 2017.
Dans les pays à faible revenu, les maladies cardiovasculaires tuent trois fois plus que les cancers.
Dans les pays à revenu élevé, le cancer devient cependant la première cause de décès, avec 2,5 fois plus de morts qui lui sont attribuables par rapport aux maladies cardiovasculaires.
www.futura-sciences.com

jeudi 8 août 2019

Des mesures pour la prise en charge sanitaire des habitants du Sud et des Hauts plateaux

















ALGER- Une série de mesures destinées à améliorer la prise en charge sanitaire des citoyens des wilayas du Sud du pays et des Hauts plateaux a été adoptée mercredi par le gouvernement, réuni sous la présidence du Premier ministre Noureddine Bedoui.
Des propositions opérationnelles visant à renforcer les structures de santé, et d'autres à améliorer la prise en charge des médecins exerçant au Sud, ou encore à améliorer les services sanitaires au Sud ont été présentées pour combler les lacunes constatées.

Pour renforcer les structures de santé, le gouvernement a décidé de lever le gel sur tous les projets enregistrés dans le secteur de la santé au niveau des wilayas du Sud et des hauts-Plateaux, y compris les opérations d'acquisition des équipements médicaux en faveur des établissements hospitaliers réalisés.

Il a également décidé de réaliser des établissements de santé de proximité et ceux spécialisés, d'une capacité de 60 lits pour assurer les spécialités de base notamment les maladies de gynécologie obstétrique.

A cet égard, le ministre de la Santé a été chargé d'arrêter la liste des communes concernées par ces projets pour éviter  aux malades les longs déplacements.

Le gouvernement a décidé aussi d'accélérer la création d'annexes pour la pharmacie centrale des hôpitaux dans les zones enclavées à l'extrême Sud.

Parmi les mesures importantes retenues dans ce chapitre figure notamment la création d'un institut de lutte contre les piqûres de scorpion à Ouargla qui sera renforcé par un encadrement humain, notamment des épidémiologistes et la mise en place d'un observatoire régional de santé dans la wilaya de Tamanrasset spécialisé dans la médecine tropicale en le renforçant par un encadrement humain notamment des épidémiologistes.  

La création d'un institut de formation en paramédical et d'annexes pour couvrir les besoins des wilayas du Sud est également retenue dans le cadre de cette batterie de mesures.

Pour rendre encore plus accessible la qualité des soins aux habitants des régions du Sud et des Hauts-Plateaux, les pouvoirs publics prévoient de renforcer le dispositif d'ambulances aériennes par une coordination entre les capacités disponibles dans les compagnies aériennes nationales et les hélicoptères de la Protection civile par la conclusion de conventions dans ce sens.

Le gouvernement a décidé également de réviser le cadre réglementaire des unités mobiles de santé (clino-mobiles) et de proximités et leur renforcement par les véhicules équipés nécessaires.

Le décret exécutif relatif à l'organisation et la gestion des services du SAMU social sera également amendé pour l'adapter aux spécificités des régions du Grand Sud.



Nouveau régime incitatif pour les médecins spécialistes



Pour améliorer la prise en charge des médecins exerçant au Sud, le gouvernement a décidé d'adopter un nouveau régime incitatif au profit de tous les médecins spécialistes exerçant au niveau des wilayas du Sud, notamment à travers une nette revalorisation de l'actuel régime indemnitaire outre des avantages leur garantissant des conditions de travail convenables.

Il a, ainsi, été décidé de revaloriser la prime du service civil au profit des médecins résidants exerçant dans les wilayas du Sud et des Hauts plateaux. Cette prime sera prise en charge par le Trésor public.

Les conditions d'exercice du service civil seront également révisées, et le gouvernement s'est engagé, dans ce contexte, à étudier la possibilité de permettre aux médecins généralistes exerçant au niveau des régions du Sud, pour une période d'au moins 5 ans, d'accéder au résidanat.

Un régime incitatif au profit des médecins privés, des pharmaciens et des laboratoires et d'autres professionnels de la santé désirant exercer au Sud sera mis en place pour leur permettre de bénéficier des différents mécanismes de soutien public, notamment l'obtention de l'immobilier, l'exonération des taxes et des impôts, la réduction des taux d'intérêts et les facilitations administratives.

Au chapitre de l'amélioration des services sanitaires au Sud, le gouvernement a chargé la Caisse nationale des assurances sociales (CNAS) de rembourser les frais inhérents aux interventions chirurgicales ainsi que les consultations médicales et les analyses effectuées par des cliniques privées implantées au Sud.

Les centres d'oncologie de Tamanrasset et d'Ouargla seront renforcés par un équipement d'exploration et de traitement, mais aussi par des équipes médicales dans différentes spécialités.

Le gouvernement a encouragé, en outre, la poursuite des opérations de conclusion de partenariats entre les établissements de santé publique civiles et militaires au profit des populations des zones isolées, notamment à travers la création d'hôpitaux mixtes et le développement de la télémédecine.

Il compte également encourager les initiatives de volontariats des médecins spécialistes algériens résidant à l'étranger visant la prise en charge des patients à l'intérieur du pays à travers la facilitation de leurs missions dans l'introduction des équipements médicaux et l'obtention des licences nécessaires.

Une commission interministérielle, présidée par le ministre de la Santé et composée des secteurs de l'Intérieur, des Finances, du Travail, de la Solidarité et de l'Enseignement supérieur a été installée pour veiller à la mise en œuvre de l'ensemble des décisions prises lors de cette réunion.

Cette commission est chargée d'impliquer l'ensemble des syndicats du secteur dans la mise en œuvre effective de ces décisions, outre la mise en place d'un mécanisme chargé du suivi sur terrain et de la présentation de rapports périodiques y afférents au gouvernement.

Le ministre des Finances a été chargé de la mobilisation des ressources financières nécessaires à même de concrétiser ces décisions conformément à un programme d'application s'étendant sur trois ans.
http://www.aps.dz

jeudi 4 avril 2019

L’essai clinique « AAS Lynch »















L’essai clinique « AAS Lynch » recrute 852 patients pour étudier l’effet préventif de l’aspirine à faible dose sur l’apparition ou les récidives d’adénomes à l’origine de cancers colorectaux.
Une équipe du service de gastro-entérologie de l’hôpital Avicenne AP-HP, dirigée par le Pr Robert Benamouzig, coordonne actuellement un essai clinique multicentrique national de phase 3, promu par l’AP-HP, qui vise à recruter 852 patients âgés de 18 à 75 ans atteints du syndrome de Lynch pour étudier l’efficacité de l’aspirine à faible dose dans la prévention de l’apparition ou des récidives d’adénomes colorectaux.

Lancée en 2018, l’étude AAS Lynch est menée dans une trentaine d’établissements français*.

Le cancer colorectal est un problème de santé publique au niveau mondial avec plus de 1.5 millions de nouveaux cas et 700 000 décès estimés en 2012. En France, 44 872 nouveaux cas ont été diagnostiqués en 2017. Dans 3 à 5 % des cas, le cancer colorectal est favorisé par l’hérédité, comme dans le syndrome de Lynch. Ce syndrome est également associé, entre autres, à une augmentation du risque de cancer de l’endomètre, de l’estomac, des ovaires ou d’autres sites dès l’âge de 30 ans.

La coloscopie est l’examen actuellement recommandé pour le dépistage des lésions néoplasiques colorectales chez les patients à haut risque de cancer colorectal. Elle diminue l’incidence des cancers colorectaux de plus de 60 %, grâce à l’identification et à l’exérèse des adénomes coliques. Ces derniers correspondent à des excroissances qui se développent à la surface de la paroi interne du côlon et du rectum, au niveau de la muqueuse. Ils peuvent être bénins ou se transformer en tumeurs cancéreuses. En raison d’une carcinogenèse accélérée dans le syndrome de Lynch, le rythme de surveillance actuellement retenu pour les personnes atteintes est d’une coloscopie tous les deux ans, ou tous les ans si des adénomes ont été détectés.

Une équipe du service gastro-entérologie de l’hôpital Avicenne AP-HP, dirigée par le Pr Benamouzig, coordonne actuellement l’essai clinique multicentrique national « AAS Lynch » qui a pour objectif de recruter 852 personnes âgées de 18 à 75 ans, présentant un syndrome de Lynch, afin d’évaluer une nouvelle stratégie de prévention de l’apparition et des récidives d’adénomes colorectaux.

Promue par l’AP-HP, cette étude testera, dans plus d’une trentaine d’établissements français, l’efficacité de deux faibles doses d’aspirine (100 mg ou 300 mg par jour) comparées à un placebo sur une durée de quatre ans.

Après tirage au sort dit « en aveugle », les patients recevront soit de l’aspirine à 100 mg, soit de l’aspirine à 300 mg, soit un placebo pendant quatre ans. Ils seront vus en consultation tous les six mois pendant toute la durée de l’étude (2018-2024), sans modifier pour autant leur suivi médical habituel (pas de coloscopie ni de bilan sanguin supplémentaire).

En parallèle de cette étude, la composition du microbiote fécal et les habitudes alimentaires seront également analysées.

Ces recherches représentent un espoir de traitement pour les patients atteints du syndrome de Lynch. En effet, si l’efficacité préventive de l’aspirine est confirmée, cette dernière contribuerait à réduire le risque de cancer colorectal et à diminuer la fréquence de la surveillance endoscopique nécessaire.
https://www.aphp.fr

mardi 19 mars 2019

Cancer du sein chez l’homme : itinéraire d’un patient












Les cancers du sein sont généralement considérés comme des cancers exclusivement féminins. Pourtant chaque année, en France, quelques centaines d’hommes sont concernés par cette maladie. S’ils bénéficient des progrès de la recherche clinique menée auprès des femmes, les hommes touchés par un cancer du sein doivent aussi faire face à certaines conséquences de la rareté. Comment cette maladie généralement réservée aux femmes est-elle prise en charge ? Eléments de réponse avec Barbara Pistilli, oncologue membre du comité de pathologie mammaire de Gustave Roussy.
Les différences entre un sein masculin et un sein féminin sont, sur le plan anatomique, relativement ténues. Mais alors que les cellules cancéreuses semblent avoir une terrible facilité à se développer dans un sein féminin – plus de 50 000 femmes sont touchées chaque année en France – les hommes sont globalement à l’abri de ce fléau. Globalement mais pas totalement : un peu moins d’1 % des cas de cancer du sein touchent des hommes. Que sait-on de ces cancers ? Quels sont les standards de prise en charge et comment les faire progresser ?

Certains facteurs de risque identifiés

Outre l’âge, premier facteur de risque (comme pour la très grande majorité des cancers), la composante héréditaire des cancers du sein masculins est relativement importante : 15 à 20% des cas seraient liés à une histoire familiale. Les mutations du gène BRCA2, associées depuis longtemps à un fort risque de cancer du sein et de l’ovaire chez les femmes, ainsi qu’à un risque de cancer de la prostate chez l’homme, sont notamment impliquées : pour un homme porteur d’une mutation de ce gène, le risque de développer un cancer du sein au cours de sa vie est estimé à 7 %.
Chez les hommes, plus de 9 cancers du sein sur 10 sont hormono-dépendants (la croissance des cellules cancéreuses est stimulée par les hormones sexuelles, œstrogènes, progestérone ou androgènes). Les déséquilibres hormonaux sont donc aussi impliqués dans le risque de survenue de ces cancers. L’obésité, une cirrhose hépatique, des anomalies testiculaires, la prise d’œstrogènes dans le cadre d’une démarche de changement de sexe, par exemple, sont ainsi des facteurs de risque, avérés ou suspectés, même si la quantification de leur impact est rendue difficile par la rareté de la maladie. Certaines populations à risque ont pu être identifiées par les rares données épidémiologiques disponibles : les patients touchés par le syndrome de Klinefelter1, notamment, chez qui le risque est multiplié par vingt, à cause des dérèglements hormonaux que connaissent ces personnes. Mais aussi les hommes ayant reçu des irradiations thoraciques pour un traitement antérieur de cancer par exemple. Enfin, les travailleurs des aciéries, des hauts fourneaux, ou de chaînes d’assemblage de moteurs, par exemple, semblent aussi présenter un risque accru de cancer du sein, potentiellement à cause des températures qui perturbent le fonctionnement testiculaire ou de l’exposition à des vapeurs d’essence.

Un diagnostic souvent retardé

La rareté et le caractère généralement indolore de la tumeur mammaire n’aident pas à imaginer qu’une masse ressentie, une rougeur, une anomalie de la texture de la peau puissent être les signes d’un cancer du sein. « Ce n’est surement rien », « ça va passer »… La consultation chez le généraliste attend. Quand il est consulté, celui-ci ne pense pas nécessairement à un cancer, tous ces signes pouvant être évocateurs d’autres atteintes plus fréquentes. Pour Barbara Pistilli, oncologue et membre du comité de pathologie mammaire de Gustave Roussy (Villejuif), ce retard au diagnostic pénalise les patients, qui doivent faire face à des cancers souvent plus avancés et donc à des traitements plus lourds.

Des traitements et un accompagnement à optimiser

Alors que ces dernières décennies ont vu augmenter la proportion de chirurgies conservatrices chez les femmes – la tumorectomie remplace la mastectomie pour 70 % des patientes opérées – elle ne concerne qu'un homme sur sept aujourd’hui (15 % environ). Au-delà de l’aspect esthétique, à prendre en compte, ces chirurgies radicales impliquent en particulier des risques bien plus élevés de douleurs qui peuvent avoir un réel impact sur la qualité de vie des patients à court, moyen ou long terme. Selon Barbara Pistilli, cet écart dans la pratique chirurgicale peut s’expliquer de deux façons : « chez les hommes, les tumeurs mammaires ont souvent eu le temps de s’étendre aux ganglions voisins, ce qui plaide en faveur d’une mastectomie. Par ailleurs, même lorsque la tumeur est peu étendue, les essais de chirurgie conservatrice n’ont jamais été réalisés chez les hommes, on fonde notre pratique sur l’expérience acquise chez les femmes. »
Cette extrapolation du standard thérapeutique est aussi l’usage en ce qui concerne la radiothérapie, la chimiothérapie et l’hormonothérapie. Pourtant certains résultats semblent indiquer que le recours aux chimiothérapies ne modifie pas le pronostic des patients. « Mais il ne s’agit que d’une étude de faible ampleur, rétrospective, qui n’a pas été reproduite », précise l’oncologue. Là encore, des essais dédiés pourraient trancher, mais la rareté des patients n’aide pas à les mettre en place. Même constat pour les signatures génétiques mises au point ces dernières années : ces tests génétiques qui prédisent le risque de récidive et, par conséquent, le bénéfice potentiel d’une chimiothérapie, ont été développés et testés dans une population féminine uniquement.
Si l’action des chimiothérapies semble moins concluante que chez les femmes, des bénéfices majeurs sont observés avec l’hormonothérapie et plus précisément avec le tamoxifène – seul médicament validé chez les hommes – généralement prescrit pour 5 ans. Si le bénéfice clinique semble clair, Barbara Pistilli s’intéresse, elle, au problème de l’adhésion à ce traitement. Selon elle, environ un homme sur quatre interromprait son hormonothérapie avant les cinq ans, à cause des effets secondaires qu’elle provoque. Principalement des bouffées de chaleur et une réduction de la libido. « Il est important de proposer un accompagnement spécifique à ces patients, principalement psychologique. Ils font face à ces problèmes qui, dans la conscience collective, sont associés aux femmes, ils se sentent très souvent isolés. Pour bien faire, cet isolement et les difficultés d’acceptation doivent être pris en compte dès le diagnostic ».

Une médecine de précision qui s’ouvre aux hommes

Aujourd’hui la prise en charge des cancers du sein progresse grâce à de nouvelles thérapies qui font l’objet de nombreux essais (notamment contre des cancers avancés ou métastatiques). Dans ce contexte, il est intéressant de noter que des hommes sont inclus dans les cohortes de patients et peuvent ainsi « prendre le train » des innovations en même temps que les femmes. L’une de ces thérapies, l’olaparib, est basée sur le blocage de mécanismes de réparation de l’ADN et a montré son efficacité chez les patients porteurs de mutations des gènes BRCA1/2, qui s’avèrent relativement fréquentes chez les hommes.
Cette évolution s’est accompagnée, par ailleurs, de la mise en place d’une grande cohorte internationale, seule capable de réunir suffisamment de patients pour réussir à mener des investigations solides. Les premiers résultats de cette initiative, portée par de multiples institutions de recherche clinique en cancérologie, ont été publiés il y a un an . L’analyse des cas qui continuent à être recensés doit permettre de mieux caractériser cette maladie à la fois trop commune chez les femmes et mal connue chez les hommes.

R. D.

jeudi 14 février 2019

La prévalence des infections associés aux soins stagne depuis 2006 en France !
















Dans un rapport paru ce mois de février, la Cour des comptes fait le point sur les infections associées aux soins (IAS) et les actions mises en application pour les prévenir. D’après le texte, les résultats sont insuffisants, et pour les améliorer les idées ne manquent pas : réduire la consommation d’antibiotiques, réviser la composition des équipes d’hygiène des hôpitaux, réaliser une enquête pour établir la prévalence des infections dans le secteur de ville, revenir à l’obligation de vaccination contre la grippe des soignants...

La prévalence des infections associés aux soins stagne depuis 2006 !
Infections associées aux soins : on compte ainsi encore maintenant 470 000 patients touchés par année

De nombreuses actions ont été mises en œuvre pour réduire les infections nosocomiales. Celles-ci ont permis une diminution, puis une stabilisation de la prévalence des patients infectés à l’hôpital qui est aujourd’hui de l’ordre de 5%. On compte ainsi 470 000 patients infectés par année. Si la plupart de ces infections demeurent au stade d’un inconfort transitoire, elles peuvent malheureusement quelquefois avoir des conséquences beaucoup plus graves. On estime qu’en France elles seraient la cause directe de 4000 décès. De plus, on ignore la prévalence de ces infections liées aux soins (IAS) en ville ou dans les centres médico-sociaux comme les EHPAD.

C’est pourquoi la Cour des comptes s’est penchée sur ce problème dans son rapport public annuel 2019. Après avoir remarqué des lacunes dans la prévention, les règles d’hygiène et les prescriptions d’antibiotiques, les sages ont émis différentes préconisations pour tenter d’améliorer ces résultats qui stagnent depuis 2006. Selon les données de l’enquête de 2017 de Santé publique France, un patient hospitalisé sur 20 présente au moins une infection nosocomiale. Par ailleurs, la distinction entre infections évitables ou non est malaisée car elle ne fait l’objet d’aucune étude en France remarque le rapport. Il ressort toutefois de l’examen des données de l’AP-HP que, parmi les dossiers amiables ou contentieux en cours pour des IAS, la proportion de celles consécutives à des fautes (et donc évitables) représente entre 15% et 24%.

Assurer l’extension de la surveillance aux secteurs de ville et médico-sociaux
Les magistrats de la rue de Cambon notent des faiblesses majeures dont une prévention cloisonnée. Malgré les efforts effectués avec l’élargissement en 2007 de la notion d’infection nosocomiale à celle d’infection associé aux soins afin d’inclure les secteurs de ville et médico-sociaux, la politique publique de prévention demeure centrée sur les établissements de santé. Or, avec le virage ambulatoire, de plus en plus de gestes invasifs sont et seront réalisés en ville. D’autre part, le risque d’infection semble largement sous-estimé par les professionnels de santé du secteur : une enquête de 2013 révélait que 70% des répondants le considéraient comme peu important, voire nul. D’où pour la Cour, la nécessité de faire une enquête sur la prévalence des infections liées aux soins de ville auprès des professionnels de santé libéraux et ainsi en dégager des actions à développer.

Dans le champ médico-social, de nombreux obstacles subsistent. De manière générale, les établissements médico-sociaux sont des lieux de vie où les contacts rapprochés entre résidents et professionnels favorisent la transmission de germes. De plus, ils sont souvent de taille critique ne permettant pas d’affecter du personnel à temps plein à l’hygiène surtout en ce moment où ils souffrent de sous-effectifs médicaux et infirmiers. Des mesures ont néanmoins été prises dernièrement, chaque établissement devait d’ici fin 2018 entamer une démarche d’évaluation des risques infectieux et l’élaboration d’un programme d’action. De même, certaines agences régionales de santé (ARS) ont expérimenté la mise en place d’équipes mobiles d’hygiène composés d’infirmiers ou de professionnels de plusieurs disciplines.

Seuls 700 hôpitaux environ sur près de 2700 ont signalé au moins un IAS dans l’année "ce qui interroge quant aux 2000 autres…"

Redimensionner les équipes d’hygiène et recourir davantage aux indicateurs de qualité
Pour la Cour des comptes, les textes réglementaires ne sont ni très exigeants ni assez précis sur les compétences des équipes d’hygiène. Malgré cela, les objectifs ne sont pas remplis : le ratio de médecin était atteint par 74% des établissements et celui d’infirmier par 84%. En outre, il est compliqué de constituer des équipes complètes alors que les personnels sont en sous-effectifs, d’autant plus que ces équipes ne font pas l’objet d’un financement spécifique dans le cadre de la tarification à l’activité. D’où l’intérêt de redéfinir le concept d’équipes d’hygiène. Il a été par exemple envisager de constituer une équipe du GHT, centralisée dans un établissement du groupe tout en conservant des relais de proximité dans les autres lieux de soins associés. La question du financement doit également être revue.

Autre problème : les signalements externes des infections nosocomiales du fait de l’absence de déclarations dans un certain nombre d’établissements. En effet, seuls 700 hôpitaux environ sur près de 2700 ont signalé au moins un IAS dans l’année ce qui interroge quant aux 2000 autres. Les magistrats suggèrent qu’un suivi doit être mis en œuvre auprès des établissements non déclarants pour découvrir les raisons de cet absentéisme.

Dans le même registre, le texte rappelle que des indicateurs nationaux visant à évaluer les actions des hôpitaux dans la lutte contre les infections associées aux soins ont été mis en place en 2006. Il est souligné dans le rapport que si les établissements sont supposés publier leurs résultats ce n’est pas toujours le cas. La Cour des comptes préconise donc aux ARS d’orienter leurs inspections en priorité vers les établissements les moins bien notés. Elles devraient, par la suite, accompagner les mises à niveau nécessaires et, le cas échéant, remettre en cause les autorisations délivrées.

Dans un centre hospitalier visité par la Cour, les membres de la commission des usagers déplorent encore de croiser des professionnels en blouse de travail à l’extérieur des services de soins pour déjeuner ou fumer.

Responsabiliser davantage les acteurs de santé
D’autre part, alors que les mesures préventives d’hygiènes sont déterminantes, elles demeurent trop souvent méconnues et insuffisamment mises en application par les professionnels. Pour pallier cela, la formation des soignants (initiale comme continue) devrait être renforcée. Par exemple, concernant les infirmiers, "le volume de formation représente 5% de la totalité des heures d’enseignement".

Plus précisément, certains éléments montrent clairement des négligences concernant les règles d’hygiène. Les rapports de la Haute Autorité de Santé (HAS) illustrent des faiblesses en matière de gestion du risque infectieux et mettent en évidence l’inadéquation de l’état des équipements et des locaux. Exemple cité par la Cour sur l’hygiène des mains : en 2016 la moitié des établissements ont commandé des quantités de solutions hydro-alcooliques inférieures aux deux tiers de leur objectif minimum personnalisé de consommation.

En parallèle, les magistrats considèrent l’augmentation de la couverture vaccinale des professionnels de santé comme un objectif majeur. Elle va jusqu’à promulguer à un retour à l’obligation vaccinale contre la grippe.

Enfin, les prescriptions d’antibiotiques sont jugées inadéquates. Plusieurs mesures sont proposées afin de faire baisser la consommation de ces médicaments, l’antibiorésistance devenant un problème plus que préoccupant.

J’ai annoncé en septembre dernier vouloir mettre en place des actions permettant de promouvoir les signalements par les professionnels de santé

Le point de vue de la ministre des Solidarités et de la Santé
De son côté, si Agnès Buzyn a souligné partager les constats de la Cour, elle affirme que  l’organisation de la prévention s’est déjà beaucoup améliorée ces dernières années. La mise en place depuis 2017 du portail des signalements sanitaires simplifie les démarches des professionnels. En outre, pour elle, il est important de protéger les signalants, et c’est pourquoi un signalement ne doit pas systématiquement donner lieu à une inspection. De même, ces inspections ne doivent pas être privilégiées pour « les établissements mal notés » comme le préconise le rapport mais  demeurer réservées pour les situations les plus graves, voire aux établissements qui ne signalent jamais.

En ce qui concerne les infections nosocomiales à l’hôpital, la ministre affirme que cela ne dépend pas uniquement des équipes d’hygiène mais d’une culture de management par la qualité qui engage l’ensemble de l’établissement. Cependant, elle admet que les GHT pourraient faciliter la mise en place d’équipes spécifiques dans les établissements de court séjour.

Etrangement, en ce qui concerne la vaccination, ces propos sont nettement plus modérés que lorsqu’elle s’est exprimée sur le sujet sur Europe 1. En effet, la ministre déclare préférer faire confiance au sens de la responsabilité des professionnels de santé. C’est la raison pour laquelle j’ai signé avec les sept ordres professionnels, une charte de promotion de la vaccination.

En revanche, en ce qui concerne l’enquête de prévalence des IAS en ville, la ministre de la Santé est parfaitement d’accord avec les magistrats et va solliciter Santé publique France afin qu’elle soit lancée dès 2019 auprès des professionnels libéraux.

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Roxane Curtet
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jeudi 10 janvier 2019

L'école Internationale d'Enseignement Infirmier Supérieur (Lyon, 1965-1995) : fabrique d'une élite et creuset pour l'émancipation des infirmières françaises du XXe siècle



En 1960, après 40 années de professionnalisation, les infirmières françaises étaient dotées d’un modèle original de profession fortement structuré et témoignant d’une qualification qui avait indéniablement gagné en épaisseur. La Grande Guerre et ses prolongements avaient favorisé la pénétration en France du prototype professionnel anglo-américain. Même si cette influence fut limitée, en 1960 le modèle français était comparable en de nombreux points à l’historique modèle anglais et à son successeur américain. En revanche, les infirmières françaises ne connaissaient à cette date ni les perspectives de carrière de leurs collègues, ni le chemin de l’Université alors impensable. La création de l’EIEIS à Lyon en 1965 offrit cette possibilité à un petit nombre d’entre elles et constitua une extraordinaire opportunité pour le développement de la profession en France. L’élite très active formée grâce à cette institution œuvra à la modification des représentations de la profession chez les médecins, les universitaires, les directeurs d’hôpitaux et les politiques. Elle contribua aussi à changer les pratiques et le rapport au monde des infirmières françaises qui inventèrent même un mouvement revendicatif original à la fin des années 1980. Enfin, cette École établit les bases d’un développement disciplinaire des soins infirmiers en France. Unique en son genre, elle ferma en 1995, faute des moyens nécessaires au maintien de son activité. Le New public management, de plus en plus présent à l’hôpital, privilégia la rationalisation des organisations et leur gestion strictement comptable, au détriment des considérations sur le développement académique des soins infirmiers en France.
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Lymphome de Hodgkin : un traitement plus efficace et moins toxique fait ses preuves aux États-Unis

  Delphine Chayet annonce en effet dans Le Figaro qu’« un essai clinique montre les bénéfices de l’association d’une immunothérapie et d’une...