mardi 4 décembre 2012

En France, la mort est de plus en plus médicalisée
















Le Figaro , Libération , La Croix 
Le Figaro rend compte d’une étude de l’Institut national des études démographiques sur « les décisions médicales en fin de vie », retenant que « la mort est de plus en plus médicalisée ». Le journal observe ainsi que « près de la moitié des décès surviennent après une décision médicale qui peut avoir pour effet secondaire d'abréger la vie. Comme l'autorise la loi, le médecin a arrêté un traitement qui prolongeait la vie ou intensifié un traitement sédatif contre la douleur, en ayant conscience que cela risquait d'entraîner la mort de son malade ».
Le Figaro explique que l'étude, réalisée à partir de questionnaires anonymes auprès de praticiens et publiée dans BMC Palliative Care, « porte sur plus de 5 000 décès survenus en décembre 2009 à l'hôpital, en maison de retraite ou à domicile », et « pointe la grande complexité des situations de fin de vie. Dans 17% des cas, le décès est survenu de manière «soudaine et inattendue», excluant de ce fait toute intervention médicale. Pour 48% des morts, le médecin déclare avoir pris une décision susceptible d'entraîner la mort, le plus souvent sans intention de la provoquer ».
Le journal relève que ce travail « montre aussi que 3,1% des décès font suite à un acte visant délibérément à abréger la vie, par un arrêt du traitement ou une intensification de la sédation. Dans 0,8% des décès, des médicaments ont même été administrés afin de donner la mort (dont 0,2% à la demande du patient). Aujourd'hui illégale, l'euthanasie est ainsi pratiquée de façon marginale, selon l'Ined. Elle concerne principalement les malades souffrant de cancer », observe Le Figaro.
Le quotidien ajoute que « les autres décisions médicales de fin de vie ont été prises dans l'objectif de tout mettre en œuvre pour éviter la mort (12% des décès), ou sans considérer que cela pouvait accélérer la mort du patient (23%) ». Les chercheurs de l’Ined indiquent que « la France se situe dans les pays européens ayant un faible pourcentage de décès assistés, bien en dessous de pays ayant légalisé l'euthanasie ».
Le Figaro souligne en outre que « les demandes explicites d'euthanasie émanant des patients sont rares. Selon les médecins sondés, elles concernent 1,8% des décès sur les 2 200 qui ont fait l'objet d'une décision médicale en fin de vie. Cela dit, 16% des malades ont exprimé à un moment ou un autre le souhait de hâter leur mort ».
Le journal note enfin que « les décisions de fin de vie ne sont pas toujours discutées avec les patients et les équipes soignantes, comme l'impose la loi Leonetti. Plus de deux tiers des patients concernés par un arrêt des traitements n'ont pas été jugés par le médecin «en capacité de participer à la décision». Mais, lorsque le malade était jugé apte, 10% des arrêts de traitement, des intensifications de sédation et des administrations de substances létales n'ont pas été discutés avec lui ».
« Les décisions font l'objet d'un débat avec l'équipe médicale dans 63% des cas, avec un autre médecin dans 44% des cas, et la famille est associée dans un décès sur deux. Mais 8% des médecins déclarent n'avoir discuté avec aucune personne de l'entourage familial ou médical. Or, selon Régis Aubry, chercheur associé à l'étude et président de l'Observatoire national de la fin de vie, «il est établi que l'isolement conduit à des décisions radicales» », conclut Le Figaro.
De son côté, Libération titre un court article : « Des chiffres et du flou sur l’euthanasie ». Le journal s’interroge : « L’euthanasie est-elle ou non une pratique marginale en France ? », et retient que selon cette étude de l’Ined, « il y a eu 38 décisions d’administrer une substance mortelle, soit 0,8%. […] 1,6% des décisions d’arrêt de traitements, et 0,7% des décisions d’intensification des antidouleurs ont été prises «dans l’intention explicite et délibérée de provoquer la mort» ».
« En d’autres termes, plus de 3% des décès font suite «à un acte visant volontairement à mettre fin à la vie de la personne». Là, ce n’est plus tout à fait marginal », remarque le quotidien. Le journal continue de citer cette étude de l’Ined : « La moitié des décès est précédée d’une décision médicale ayant pu hâter la mort du patient ». Libération note qu’« on n’y comprend plus rien. De quoi attendre avec impatience les lumières du rapport du Pr Didier Sicard sur l’euthanasie ».
Revue de presse rédigée par Laurent Frichet

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