lundi 11 mai 2015

Infirmiers dépourvus de leurs droits, ou est la SAP?



















SYNDICALISME ET TRAVAIL INFIRMIER À L’HEURE DE LA MONDIALISATION
« Il était indispensable de faire un détour par ces temps anciens pour mieux comprendre le proche passé et le présent, car chaque période est imprégnée de ce qui l’a précédée et contient en germe tout ce qui va advenir. »
René Magnon

1989-1999:
Cette dernière période se caractérise par une succession quasi ininterrompue de bouleversements dans le système de santé et l’environnement externe, dont les infirmières ont intensément ressenti et ressentent encore davantage aujourd’hui les effets, dans plusieurs sphères de leur vie : leur vie au travail, leur vie professionnelle, leur vie de femme et de citoyenne. Les conditions de travail et de pratique, de plus en plus soumises à des impératifs financiers et à des objectifs gouvernementaux souvent nébuleux, empêchent les infirmières
de se réaliser pleinement dans un travail qu’elles ont choisi et dont elles défendent les valeurs profondes. De plus en plus, les contraintes qui leur sont imposées s’avèrent préjudiciables autant pour
elles-mêmes, en tant qu’infirmière, femme et travailleuse, que pour les personnes qu‘elles soignent et les citoyennes et citoyens en général.

Les conditions de travail difficiles des infirmières, les contraintes liées à l’emploi (horaire, travail les fins de semaine et les jours fériés, statut précaire pendant une longue période, etc.), la faible perspective d’emploi dans le réseau de la santé confirmée par le discours gouvernemental et les salaires offerts aux infirmières n’attirent pas
les jeunes dans la profession infirmière. On estime que la connaissance de toutes ces difficultés que connaît le travail infirmier a conduit directement à une désaffection importante envers la profession et
a généré la perte de trois cohortes complètes d’étudiantes entre 1994 et 1996. Autant les candidates à l’entrée se raréfient, autant les infirmières cherchent des voies de sortie ou abandonnent carrément la profession.
Il est vrai que les femmes ont désormais accès à une multitude d’emplois et de métiers traditionnels ou non, comportant moins de contraintes que les soins infirmiers et parfois mieux rémunérés.
En 1989, lors de la ronde de négociation et de la grève, sous le thème est Pour être là demain, les infirmières font connaître les conditions de
travail et de pratique difficiles existant dans les différents milieux de travail où elles exercent. Elles jouissent d’une importante couverture médiatique. Les infirmières démontrent clairement que leur réalité de travail est inacceptable, tant pour elles-mêmes que pour les patients, et que la qualité des soins rendus à la population ne peut être assurée que par l’amélioration de leur situation. Partageant l’analyse syndicale et conscient de la gravité de la situation de travail des infirmières, l’OIIQ
publie un document en appui aux infirmières syndiquées en cours de négotiation : Hypertension. L’ urgence des choix. Cette publication est
très explicite quant à l’urgence de modifier substantiellement les conditions de travail et de pratique qui prévalent dans les milieux de soins.
Malgré des gains syndicaux majeurs au terme de cette grève, la situation de travail continue de se dégrader au cours de la décennie qui suit.
Dans ce contexte de compressions budgétaires majeures, les infirmières tentent de pallier au défaut de ressources. Elles accélèrent le rythme de travail, elles font l’impossible pour que leurs patients ne
subissent pas les contrecoups des coupures effectuées dans le réseau.
On dit alors que les infirmières «tiennent le réseau à bout de bras», souvent au détriment de leur santé physique et psychologique et en travaillant dans des situations dramatiques de fardeau de tâche.
Les nombreuses analyses de fardeau de tâche effectuées par les membres des comités de soins infirmiers des établissements démontrent,
sans équivoque, que ceux-ci constituent un des principaux problèmes qui touchent les infirmières au Québec. Ce problème génère un épuisement tel chez les infirmières qu’elles décident, en 1998, de
cesser de faire des heures supplémentaires afin de dénoncer la précarité des emplois et l’instabilité des équipes de base sur les unités de soins. Le Conseil des services essentiels intervient rapidement,
reconnaît la gravité du problème et crée un précédent en obligeant les employeurs à afficher tous les postes vacants et invite ceux-ci à convertir
les heures de remplacement en postes. Le Conseil va encore plus loin en imposant un mécanisme accéléré de correction des situations de fardeau de tâche.
Le laxisme orchestré des employeurs et du ministère de la Santé, dans le respect de la décision du Conseil des services essentiels, se justifie essentiellement par un défaut de ressources financières : il va entraîner une dégénérescence de la situation. Les infirmières , épuisées et incapables d’entrevoir l’amélioration de leur situation de
travail et de pratique, décident d’avoir recours à la grève, pour une deuxième fois en 10 ans. Les infirmières souhaitent alerter la population sur la situation du réseau de la santé et exigent les correctifs qui leur permettront de continuer d’exercer leur profession et de travailler
dans des conditions qui ne préjudicieront pas leur santé ou la qualité des services qu’elles doivent rendre.
La grève des infirmières à l’été 1999 est durement réprimée par le gouvernement Bouchard. À la suite de celle-ci, des gains importants sont faits par les infirmières. Les dispositions contenues à l’ordonnance du Conseil des services essentiels sont reprises dans la loi 72 forçant le retour au travail et intégrées à la convention collective des
infirmières. Enfin, plus de 2000 postes sont créés par l’exercice de conversion des heures de remplacement prévu à la convention collective.
Cependant, la pénurie d’infirmières freine toujours l’application de certains correctifs aux fardeaux de tâche et à l’organisation du travail des infirmières.
http://www.fiqsante.qc.ca/publicfiles/documents/A01-C-Thematique_seti_f.pdf


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