L'hospitalisation représente pour les patients recevant des médicaments pour des maladies chroniques un risque d'arrêt de ces traitements et, pour ceux qui sont admis en soins intensifs, il y a un risque encore plus élevé d'arrêt des traitements chroniques, ce qui peut avoir des conséquences cliniques, selon une étude canadienne publiée dans le Journal of the American Medical Association (Jama) le 24 aout 20111.
"Les transitions de soins constituent une période de vulnérabilité pour les patients durant l'hospitalisation. Les erreurs médicales peuvent survenir en raison de communications incomplètes ou incorrectes lors du passage de responsabilité d'un médecin à un autre", rappellent Chaim Bell du Saint Michael's Hospital à Toronto et ses collègues. C'est notamment le cas des soins intensifs, où les médecins qui sont focalisés sur les soins aigus urgents peuvent avoir à arrêter les médicaments donnés pour les maladies chroniques, et parfois ne les represcrivent pas lors de la sortie du patient.
Les chercheurs canadiens ont voulu préciser et quantifier ce problème. Ils ont étudié près de 400.000 patients de 66 ans et plus traités par au moins un médicament chronique parmi: statine; anti-agrégant plaquettaire ou anticoagulant oral; lévothyroxine; traitement de maladie respiratoire inhalé; anti-ulcéreux.
Ils ont comparé le risque d'arrêt du traitement chronique chez les patients hospitalisés sans admission en soins intensifs, ceux ayant été admis en soins intensifs, et ceux qui n'ont pas été hospitalisés.
Par rapport aux patients non hospitalisés, ceux qui l'ont été avaient un risque d'arrêt du traitement par statine (mesuré 90 jours après l'hospitalisation) augmenté de 33%. Le risque d'arrêt était augmenté de 86% pour les antithrombotiques, 18% pour la lévothyroxine et 50% pour les traitements inhalés et les anti-ulcéreux.
Mais le risque était encore majoré pour les patients qui ont été admis en soins intensifs. Notamment, le risque d'arrêt des antithrombotiques était multiplié par 2,3 par rapport aux contrôles. Autre exemple: le risque d'arrêt des anti-ulcéreux était augmenté de 87%.
Pour deux classes de médicaments, l'arrêt du traitement a été associé à une conséquence clinique un an après: l'arrêt du traitement par statine a augmenté le risque de décès, admission aux urgences ou hospitalisation d'urgence de 7%, et ce risque était augmenté de 10% en cas d'arrêt des antithrombotiques.
Les auteurs de l'étude comprennent que des médicaments puissent être délibérément arrêtés durant la phase de réanimation, parce que cela peut être nécessaire. Mais il faut penser à relancer la prescription ensuite. Inversement, des médicaments peuvent être arrêtés par erreur après la phase de soins intensifs parce qu'un autre médecin aura cru qu'ils avaient été prescrits durant la réanimation: cela peut être le cas de bronchodilatateurs.
Ils estiment que des stratégies d'amélioration de la qualité devraient être mises en place pour faire en sorte que les patients sortant de réanimation retrouvent bien tous les traitements dont ils ont besoin. Il faut une "approche systématique" pour s'assurer de la continuité des traitements lors des transitions de soins.
Note
1. Journal of the American Medical Association, 24/31 août, vol.306, n°8, p840-847; http://jama.ama-assn.org http://www.infirmiers.com
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