mardi 21 juin 2011

Ecriture : Quand les infirmiers se racontent

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Ils s’appellent William Rejault, Elisabeth Bourgois, Corinne Roche, Gisèle Pineau ou plus anonymement Mélanie, Melissa ou Dan. Tous ont en commun d’être infirmiers et de relater leur expérience actuelle ou passée à travers des récits emballés.  Écrivains confirmés ou blogueurs amateurs ils apportent une valeur ajoutée à la profession.
Elisabeth Bourgois - © DR
Le soin par l’écriture
Qui de mieux qu’une infirmière pour parler de son quotidien et des problèmes qu’elle rencontre ? Cette interrogation, Elisabeth Bourgois, auteur de plus de 17 romans et essais, ancienne cadre en chirurgie digestive, se l’est souvent posée. Jusqu’à ce qu’elle décide d’écrire.
« Dans un premier temps, j’ai vraiment ressenti ce besoin pour les autres. Je voulais m’adresser aux jeunes et leur parler du SIDA, de façon à ce qu’ils prennent conscience de ce fléau, sans pour autant qu’ils soient ennuyés par des termes trop techniques ou médicaux. Je me suis donc lancée dans l’aventure du roman », explique-elle.
L’écriture comme éducation thérapeutique, Mélanie, blogueuse depuis cinq ans l’a aussi expérimentée. «  En allant sur les forums dédiés à la santé, je me suis rendu compte que beaucoup de personnes cherchaient des réponses à leurs problèmes de santé qu’elles ne trouvaient pas forcément. J’ai donc décidé de créer un blog pour aider les gens. Puis, au fil du temps, désireuse de partager mon quotidien, j’ai ouvert de nouvelles rubriques pour partager mon vécu et mes expériences ».
Et ces expériences plaisent. Avec plus de 40000 visites de son blog par mois, Mélanie a réussi à toucher un large public, constitué de soignants, mais aussi de non-initiés.
Les raisons du succès
L’émergence de l’ère numérique avec la diffusion et la variété des sujets qu’elle entraîne, contribue largement au succès des écrits infirmiers. Pourtant le phénomène de l’infirmier-écrivain n’est pas si nouveau. Cela fait déjà des décennies que les infirmières écrivent. Dans les années 70, Victoria Thérame défrayait la chronique avec son best-seller « Hosto Blues », où elle explique sa révolte contre le système hospitalier, répressif et oppressif, et contre la hiérarchie du personnel et la surexploitation des vocations féminines. « Tous ces écrits nous permettent de comprendre l’évolution de la condition d’infirmière à travers le temps, c’est très intéressant », pointe Christophe Debout, coordinateur de recherche infirmière à l’EHESP.
De nos jours, les infirmiers auteurs continuent de plaire. William Rejault, infirmier, blogueur, puis écrivain et journaliste, souvent invité sur les plateaux télé, en est l’exemple type. Avec ses nouvelles crues et réalistes, il décrit sans détour l’envers du décor des établissements hospitaliers. « Le métier d’infirmière nous apprend à observer l’autre, mais aussi à analyser son comportement. Les gens se reconnaissent à travers nos récits et apprécient l’authenticité que nous y apportons», explique Elisabeth Bourgois.
La reconnaissance sociale de l’infirmière resterait néanmoins à son sens un grand point faible. « En tant qu’auteur, j’ai été amenée à animer des émissions à la radio. Un jour, j’ai interrogé un médecin en m’appuyant sur mes connaissances médicales. Admiratif, il m’a considérée comme une journaliste très calée et cultivée. Quand je lui ai dit qu’en fait, j’étais infirmière, il a déchanté tout de suite », raconte-elle pour l’anecdote. Enrayer les idées reçues n’est certes pas évident et passerait peut-être par l’écriture. Alors, infirmiers, à vos plumes !
www.actusoins.com

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