Maladie de Parkinson: des électrodes contre les tremblements
(Québec) C'est à vous donner des frissons lorsque le neurochirurgien Léo Cantin de l'hôpital de l'Enfant-Jésus raconte comment est faite l'insertion de petites électrodes dans le cerveau d'un patient souffrant de la maladie de Parkinson.
Comme par magie, en quelques minutes, les tremblements et les raideurs des muscles disparaîtront ou presque. Il s'agit d'une des avancées les plus importantes pour contrôler les symptômes de cette maladie dégénérative.
Schématisation de l'opération (tableau)
Sur la table d'opération, le patient n'est pas endormi. Il n'a qu'une anesthésie locale. Pour insérer les électrodes branchées à une pile, deux trous de 13 mm de diamètre sont percés sur le dessus de la tête. Avec de longues aiguilles, deux petits fils métalliques souples avec une électrode à leur extrémité sont glissés lentement dans le cerveau du patient. Avant, une boîte a été placée sur la tête pour avoir des images en trois dimensions du cerveau sur écran. L'opération dure toute une journée.
Un GPS dans le cerveau
«On est capable de voir sur ordinateur où va passer l'aiguille pour éviter les cavités de liquide, des artères, des veines, des vaisseaux sanguins et on va droit au but. C'est vraiment un système de GPS dans le cerveau. C'est de la neuronavigation. On dit à l'ordinateur où on veut aller et il donne le chemin», dit le Dr Cantin.
L'intervention chirurgicale est d'une très grande précision. Les électrodes sont placées dans le noyau sous-thalamique, qui est gros comme une petite amande. «Si tu n'es pas au bon endroit, tu peux provoquer des engourdissements aux bras. Tu peux faire bouger les yeux, les bras sans le vouloir. Des fois, on est obligé de se déplacer de deux millimètres pour être au bon endroit», explique le neurochirurgien.
«On vérifie durant l'opération si les tremblements disparaissent, c'est pour ça qu'il faut que la personne soit éveillée durant l'opération», poursuit-il.
Deux ou trois jours plus tard, une petite pile est implantée sous la clavicule du patient. Elle est reliée aux électrodes par des fils sous la peau. Les nouvelles piles sont rechargeables à travers la peau par champ magnétique une fois aux trois semaines ou une fois par semaine selon leur utilisation. Leur longévité est de 10 ans. Cette intervention chirurgicale qui est pratiquée à l'hôpital de l'Enfant-Jésus n'enraye pas la maladie. «On règle les symptômes. Ils ne tremblent plus. Ils sont plus rapides dans leurs mouvements. Par contre, pour ceux qui ont des problèmes d'équilibre, l'opération n'a pas apporté de solution.»
Ces nouveaux soins ne sont pas accessibles à tous. Tant que les médicaments font effet, l'option d'une intervention chirurgicale au cerveau n'est pas envisagée. La sélection des patients est très rigoureuse. Seulement de 10 à 15 % des personnes souffrant de la maladie de Parkinson peuvent espérer avoir cette opération.
«Les patients sont évalués en psychologie, en psychiatrie, en ergothérapie, en physiothérapie. C'est une neurologue, la Dre Mélanie Langlois, qui est la vedette là-dedans. Nous [les neurochirurgiens], on est juste techniciens», selon le Dr Cantin.
«Au-dessus de 70, 75 ans, il y a plus de dangers. Le candidat idéal a entre 60 et 70 ans mais on en a opéré à 75. Ça dépend de la condition globale du patient», ajoute-t-il.
L'intervention chirurgicale n'est pas sans risque. «Les patients peuvent en mourir. Ça ne nous est jamais arrivé. Ils peuvent avoir des hémorragies, paralyser, encore une fois on est chanceux mais dans les livres, ça arrive. On a eu des cas d'infection comme dans n'importe quelle opération.»
Depuis cinq ans, plus de 40 patients ont subi cette intervention chirurgicale à l'hôpital de l'Enfant-Jésus. On compte environ 25 000 parkinsoniens au Québec.
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