Dans les verres de lunettes, des Led affichent une image construite par un ordinateur caché dans la poche et relié aux deux caméras montées sur les branches des lunettes. Le traitement informatique ouvre de multiples possibilités pour améliorer l'image et augmenter la visibilité de détails essentiels, comme des personnes ou certains objets. © Stephen Hicks/Oculomotor Research Group/Université d'Oxford
Durant la dernière session de la Summer Science Exhibition, que la Royal Society organise chaque année à Londres, un chercheur de l’université d’Oxford est venu parler de lunettes. Stephen Hicks est neurologue et spécialiste de la vision. Les lunettes qu’il a décrites, et qui restent à fabriquer, sont des prothèses d’un nouveau genre destinées à des personnes atteintes d’un trouble grave de la vue, ne leur laissant qu’un champ restreint ou n’offrant qu’une vision floue ou très altérée. L’innovation concerne donc notamment les personnes victimes de la DMLA, dégénérescence maculaire liée à l’âge, qui dégrade la vision centrale. Elle peut apparaître à partir de 50 ans et sa prévalence augmente avec l’âge. En France, elle toucherait plus d’un million de personnes.
L’idée de l’équipe de Stephen Hicks est de filmer la scène, de la faire analyser en temps réel par un logiciel et de présenter tout près des yeux une image intelligemment modifiée où les détails importants sont mis en avant. Le principe est celui de la réalité augmentée, qui permet par exemple aux pilotes d’avion militaires de disposer d’informations supplémentaires affichées sur un écran transparent.
Pour réaliser ce travail, les techniques actuelles permettent une grande miniaturisation. D’après l’équipe anglaise, de l’écran à la puissance informatique en passant par les accéléromètres, on trouve déjà tout ce qu’il faut dans les téléphones portables ou les petites consoles de jeu. Stephen Hicks imagine une paire de lunettes portant deux caméras filmant en permanence. Les verres porteraient un affichage à Led présentant une image devant chaque œil. Cet afficheur serait cependant transparent, permettant donc au porteur de voir, autant qu’il le peut, ce qu’il a devant lui, mais aussi aux autres de regarder ses yeux.
Les techniques mobiles rendent imaginatifs
Les caméras envoient en temps réel les données à un appareil électronique porté dans une poche. Cet ordinateur analyserait l’image et fournirait de précieuses informations. Il pourrait par exemple reconnaître certains objets, comme des portes, ou encore repérer la présence de personnes, pour en augmenter le contraste ou la luminosité. De multiples possibilités sont aujourd’hui offertes, insiste Stephen Hicks. Il envisage notamment la possibilité que l’ordinateur de poche, doté de reconnaissance de caractères et de synthèse vocale, lise ce qui passe dans le champ grâce à des petits haut-parleurs installés dans les mêmes lunettes. Pourquoi pas, poursuit-il, faire appel à la lecture de codes à barres ?
D’après lui, une telle réalisation ne devrait plus coûter aujourd’hui que moins de 600 euros. Les progrès dans la miniaturisation, portés par le dynamique marché des appareils mobiles, ont visiblement des effets collatéraux dans bien d’autres domaines. La médecine s’est déjà emparée de ces techniques, par exemple avec la mise au point d’un système d’échographie portatif. On l’a vu également en robotique quand la Nasa greffe un smartphone sur un robot, quand un iPhone veut conduire une voiture ou encore piloter l’hélicoptère AR.Drone.
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