La santé de nos reins est bien évidemment d’une importance vitale. Laver, épurer le sang, produire de l’érythropoïétine –synthétisée dans le cortex rénal -, activer la vitamine D, réguler la pression artérielle… En cas d’insuffisance rénale, toutes ces fonctions précieuses sont altérées. Le problème est que bien souvent, la maladie progresse à bas bruit, sans symptômes apparents. « La plupart des patients ignorent qu’ils souffrent d’une insuffisance rénale », explique le Pr Pierre Ronco, président de la Fondation du Rein. « Les principales affections pourvoyeuses de maladies rénales chroniques sont le diabète de type 2, l’hypertension artérielle (HTA) et les maladies cardiovasculaires. »
Le diagnostic d’insuffisance rénale repose sur la mesure de trois paramètres importants. Il est en effet nécessaire « de doser le taux de créatinine dans le sang, d’albumine dans les urines et de mesurer la tension artérielle », souligne Pierre Ronco. « Tous ces examens sont relativement simples à réaliser, et peu coûteux ». Pourtant, pas question de proposer un dépistage à l’ensemble de la population. « Nous devons cibler les patients à risque : les hypertendus, ceux souffrant d’une maladie cardiovasculaire, les diabétiques, les plus de 65 ans ou les patients sujets aux infections urinaires à répétition. »
Améliorer la qualité de vie
De son côté, Régis Volle, président de la Fédération nationale d’aide aux Insuffisants rénaux (FNAIR), insiste également sur l’importance du dépistage et de la prévention. « Depuis quelques années en France, le nombre d’insuffisants rénaux ne cesse d’augmenter. Au-delà de ses conséquences sur l’état général des patients, l’insuffisance rénale chronique coûte cher : pas moins de 2% des dépenses de santé. Nous devons impérativement travailler à sa prévention. Tout faire pour traiter avant d’en arriver au stade de la dialyse ou de la transplantation rénale ».
Au stade terminal en effet, ce sont les seuls recours disponibles. Selon la Société française de Néphrologie, « la dialyse permet d’éliminer les toxines accumulées dans l’organisme, de maintenir l’équilibre de l’eau et la composition du sang. » Elle permet donc de suppléer les fonctions vitales que les reins ne sont plus en mesure d’assurer. Quant à la transplantation, c’est la seule alternative à la dialyse. L’attente avant transplantation peut être longue, parfois plusieurs années en raison du nombre limité de greffons disponibles.
« Dans le cadre de la Fédération, nous travaillons notamment sur l’amélioration de la qualité de vie des dialysés », précise Régis Volle. « Nous proposons par exemple, des dialyses dites ‘de début de soirée’, pour permettre aux insuffisants rénaux de mener une vie professionnelle normale. Notre rôle, c’est de les aider à préserver leur projet de vie. » Et quel que soit le stade de la maladie, la FNAIR œuvre également au développement de l’éducation thérapeutique.
« Nous disposons de traitements qui permettent de freiner la progression de l’insuffisance rénale », explique le Pr Pierre Ronco. Mais en plus des médicaments, le malade dispose de moyens sur lesquels il peut directement agir. « Il est primordial d’arrêter de fumer, de faire de l’exercice physique, d’adopter un régime alimentaire limitant la consommation de sel et de protéines. Contenues notamment dans les viandes, ces dernières augmentent en effet le travail du rein. »
Traiter l’anémie
La bonne observance - des traitements comme des règles hygiéno-diététiques - protège également le cœur des insuffisants rénaux. Et c’est capital. « Il est aujourd’hui clairement établi que la maladie rénale est un facteur de risque cardiovasculaire au même titre que l’hypertension artérielle (HTA), le tabagisme, l’excès de cholestérol ou le diabète… Et les chiffres sont impressionnants », souligne notre spécialiste. « Chez un jeune adulte de 20 ans sous dialyse, le risque cardiovasculaire est 200 à 300 fois plus élevé que chez un sujet sain du même âge. »
Dans la majorité des cas enfin, les insuffisants rénaux souffrent également d’anémie. Leurs reins sécrètent trop peu d’érythropoïétine (EPO), l’hormone indispensable à la production des globules rouges. Or ces derniers transportent l’oxygène vers tous les organes. C’est dire leur importance. Fatigue, faiblesse générale, essoufflement… l’anémie altère gravement la qualité de vie. « Depuis plus de 20 ans, nous disposons d’EPO de synthèse », souligne Régis Volle. « Ce traitement a été une révolution pour nous. Auparavant, nous souffrions d’une fatigue extrêmement importante. » Il y a déjà 27 ans en effet, en 1983, qu’une équipe du laboratoire Amgen aux Etats-Unis, est parvenue à cloner le gène exprimant l’EPO. Puis à mettre au point un vrai traitement contre l’anémie, proposant ainsi une alternative aux transfusions sanguines. Ce traitement a ensuite été optimisé par les scientifiques pour bénéficier d’une plus longue durée d’action.
http://www.destinationsante.com/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire