lundi 4 juillet 2011

L'art thérapie pour soulager la douleur chronique




















La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, subjective, quelque soit son mécanisme initiateur somatique, neurologique ou psychologique. Elle est modulée par les apprentissages antérieurs et les motivations actuelles.

Elle entraîne des répercussions physiques, affectives, cognitives, comportementales, socio-économiques, culturelles, spirituelles. On peut comprendre que les thérapeutiques appropriées pour répondre à ces désordres très divers se situent dans des champs différents mais complémentaires : traitements médicamenteux, techniques d’inhibition ou de stimulation du système nerveux, approche psychologique, comportementale, et depuis peu art thérapie.

Au Centre de la douleur, les consultations sont motivées par la symptomatologie de la douleur chronique, et par une souffrance qui s’exprime et s’actualise dans le corps réel. La douleur chronique est alors appréhendée non pas comme un symptôme mais davantage comme une maladie en soi ; par voie de conséquence c’est une équipe pluridisciplinaire qui va se mobiliser pour prendre soin de l’individu dans son intégralité.

La fonction du psychologue dans un tel cadre de travail est de proposer au patient de déployer la part de souffrance psychique mêlée à sa souffrance globale, qui l’obsède et l’enferme, et dont la douleur physique actuelle est la plus vive expression. Pour certains d’entre eux, cette invitation à l’introspection peut être l’occasion d’un travail psychique. Cependant, la verbalisation n’est pas toujours le meilleur ou le seul accès possible à cet effet. D’autres propositions thérapeutiques sont envisageables : passer de l’individuel au groupal, introduire de la médiation.

L’art thérapie fait partie de ce registre thérapeutique. Elle a paru intéressante pour un certain nombre de nos patients parce que l’utilisation de cette médiation est mobilisatrice et favorise des voies d’ouverture sur le plan individuel : accès aux ressources propres du patient, dynamisme, prise de distance du sujet avec sa douleur comme avec ses blessures antérieures. Le processus créatif mobilisé chez le sujet va favoriser la renarcissisation et le renforcement de l’estime de soi. Cette activité thérapeutique peut s’exercer individuellement, mais plutôt en petits groupes parce que ce cadre-là permet de favoriser de nouveaux liens (pour des personnes en rupture sociale), donc des réinvestissements relationnels, la réassurance personnelle dans un espace de sécurité et de confiance. De nouvelles identifications et réinvestissements extérieurs deviennent possibles.

L’art-thérapie utilise des activités de création artistique comme moyen d’expression des émotions, des blocages, pour une meilleure connaissance de soi : il s’agit, par le biais de la peinture, du théâtre, de la danse, de l’écriture, de dépasser l’impossibilité d’exprimer par des mots les douleurs, les souffrances, les contradictions, et de les transformer en une production artistique. L’art thérapie s’adresse à des personnes dont la symptomatologie douloureuse est rebelle aux thérapeutiques habituelles, dont le projet de vie est en souffrance au sens où il est en suspens, voire inaccessible, dont les repères identitaires ont vacillé, en rupture de liens sociaux, mais prêtes à se mobiliser pour un réaménagement personnel.

L’accès à l’art thérapie au Centre de la douleur est une décision médicale pluridisciplinaire, étayée par un entretien psychologique et avec l’art thérapeute, réalisant un véritable projet thérapeutique validé par la personne souffrante.



Dr Jean-Pierre Alibeu

Responsable du centre de la douleur de l’adulte et de l’enfant

CHU de Grenoble

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